A l’heure où, par milliers, les internautes se regardent le nombril avec délectation et mégalomanie en racontant leurs aventures quotidiennes, j’inaugure ce blog en braquant mon modeste projecteur sur les autres.
Les Autres. Ces êtres semblables à moi-même et pourtant intrinsèquement différents. Ils sont fascinants précisément parce qu’ils sont innombrables.
Innombrables. Et ils ne sont pas moi.
Autrui, c’est ce passant qui déambule, cette fille qui relève ses cheveux nonchalamment, assise à l’arrêt de bus. C’est le collègue de travail qui nous accueille l’œil torve chaque matin, le SDF qui croupit sous son carton mouillé et pestilentiel, la bourgeoise huppée qui fait claquer ses talons avec arrogance. C’est la caissière fatiguée du supermarché du coin, ou encore la voisine volubile qui nous assomme de paroles stériles sur le palier, à la sortie de l’ascenseur. C’est l’enfant aux yeux pleins de rêve et le vieillard qui regarde vers le passé. C’est vous.
Je les regarde tantôt comme mes semblables tantôt comme les représentants d’une espèce aussi étrangère qu’étrange.
Observer autrui, c’est contempler l’Humanité avec ses qualités et ses travers. En une seconde, on peut saisir l’essence fugace de l’être humain, dans un instantané aveuglant de vérité.
Les Autres.
Observer autrui, c’est aussi, d'une certaine manière, se regarder soi-même à travers un miroir. Sans se reconnaître.